C'est ainsi mon amour que j'appris ma blessure

De Fabrice Melquiot
Par la Cie Mladha

On a tous un jour dans une rue, dans un train, rencontré l'amour, l'amour furtif ou l'amour fou, ou rêvé cette rencontre... Jamais nous n'avons osé dire "je vous aime". Toujours nous avons des flots de belles paroles qui chahutent nos pensées, mais ne sortent pas. C'est ainsi mon amour que j'appris ma blessure, un texte quasiment inédit à la scène de l'auteur français Fabrice Melquiot, est l'histoire d'un de ces moments de folie amoureuse vécue au hasard d'une rencontre dans un aéroport. Un homme seul, probablement perdu, assis dans une salle d'embarquement, une valise rouge à ses pieds, rencontre une femme, silencieuse, qui va bouleverser ses pensées. Monologue adressé à une femme, peut-être imaginaire, l'écriture de Fabrice Melquiot nous transporte dans un moment de poésie, une romance d'un instant, rythmée par les décollages ou atterrissages des avions...


Distribution

Mise en scène : Mathieu Bessero
Jeu : Vincent Rime
Masque et costume : Gilles Brot
Lumière : Lulu Jacquérioz
Administration : Marine Billon
Accueil Paris : Nathalie Bernas
Coproduction : Cie Mladha, Petithéâtre de Sion, MQ Jonction


Photos



Articles de presse

Article du 8 avril 2009

La vie rêvée d’un homme

Marie-Pierre Genecand

Critique de «C’est ainsi mon amour que j’appris ma blessure», monologue de Fabrice Melquiot mis en scène par le jeune Valaisan Mathieu Bessero

Dans les aéroports, il n’y a pas que des voyageurs qui attendent leur départ avec excitation et anxiété. Il y a aussi des individus sans amarres, dérivant en quête d’une femme à aimer ou d’un homme à qui pirater une identité. C’est ainsi mon amour que j’appris ma blessure, monologue de Fabrice Melquiot qui prête une parole à l’un de ces faussaires qui se fixe sur deux passagers et leur invente une vie à deux, une éternelle amitié… Et Mathieu Bessero, jeune metteur en scène valaisan, lui donne un visage. En fait un masque. Porté par le comédien Vincent Rime, dont le jeu naïf, presque maladroit, renforce l’humanité de cet être qui reste à quai.

«En te voyant j’ai pensé à une pie parce que tu me volais ces petits bouts de chair et tu transformais les regrets à venir en secondes dorées. Tu as nettoyé mon squelette en une seconde.» A la fois imagée et directe, la langue du Français Fabrice Melquiot plaît aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Elle voyage en solitaire souvent, dans des monologues inventifs, faussement naïfs, poignants.

Ici, un fantôme d’aéroport. Qui, le samedi, erre dans le terminal de Madrid, après avoir hanté, le reste de la semaine, les places et les parcs publics de la capitale espagnole. Barajas, le samedi, Le Retiro le dimanche, le lundi à Chuecas, etc. Un rituel bien rodé pour un rôdeur au grand cœur. Car tous ses élans sont bienveillants. A l’aéroport, une fille à frange «qui fait pousser les hommes et les loups dans les garçons» s’assied sur le banc sans le faire grincer, et l’âme de ce voyageur immobile chavire. Plus tard, une valise rouge et son contenu – des lettres, des cailloux –, deviendront sa vie pour quelques instants volés.

Cette parole délicate, sincère, appelle un traitement démuni, osant la simplicité. Exactement ce que Mathieu Bessero demande à Vincent Rime. Et pourtant, en allant à la Maison de quartier de la Jonction, à Genève où ce spectacle se donnait avant Sion, on avait des craintes. On savait le comédien masqué et cet artifice ne semblait pas convenir à la parole sans fard de Melquiot. Faux.


Article du 30 septembre 2009



C'est ainsi mon amour que j'appris ma blessure, de Fabrice Melquiot (critique d'Angèle Lemort), Aktéon Théâtre à Paris

J’aime, donc je suis

Tel un silence intérieur parfois trop intime, un espace clos et calme se découvre peu à peu sous la lumière. Rien à voir d’autre qu’une silhouette d’homme sur un banc d’aéroport. Nous ne savons ni où nous sommes ni qui nous parle, mais peu importe… Car, au-delà de l’homme, il y a les mots, les mots du cœur, les maux de l’âme… Bref, voici une solitude bien humaine. Et c’est ce chant-ci, celui d’un homme esseulé, sans repères, aux échos extrêmement contemporains, que la Compagnie Mladha nous offre à entendre avec « C’est ainsi mon amour que j’appris ma blessure », un texte de Fabrice Melquiot, quasiment inédit au théâtre.

Dans l’attente d’un hypothétique voyage, un homme n’est-il pas en proie à ses doutes, à ses angoisses, à ses questionnements, à ses envies également ? Dans l’attente, un homme n’est-il plus tout à fait le même ? Au-delà de toute frontière spatio-temporelle, le cœur n’est-il pas libre enfin de toute censure ? C’est ainsi que j’ai pu voir, ce soir-là, un homme débarrassé de son identité parfois trop encombrante, tourmenté par sa solitude profonde. Comme un fantôme de lui-même, cet homme sur son banc d’aéroport, valise rouge au pied, ne peut s’abandonner au sommeil. Troublé, comme à la dérive, il nous livre son cœur telle une plaie béante, ouverte par une présence féminine mystérieuse. Une présence féminine qui brille par son absence, et qui, somme toute, fera résonner le discours de cet homme d’autant plus ardemment.

Cette résonance nous rappelle, à la manière de Stig Dagerman, entre autres, et très justement, que Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Alors, cet égarement prend une couleur universelle. Et ce, grâce à l’idée particulièrement intéressante, ici, d’un masque. Oui, l’homme qui se dévoile à nous est un homme masqué ! Étrangement, ce masque élargit le sujet et, ainsi, l’homme sans visage pourrait se révéler être l’un d’entre nous, au-delà des âges, des sexes et des couleurs de peau.

Néanmoins, ce masque serait beaucoup plus expressif si l’acteur jouait loin de nous. Comme quand on recule devant un tableau impressionniste pour mieux « voir ». En outre, j’aurais tant apprécié plus de profondeur, de largeur, autant d’espace vaste et vacant qu’offrirait un véritable aéroport au propos… Mais nous sommes à Paris dans un petit espace. Et, malgré cela, la perdition de cet homme a trouvé un bel écho, simple et discret, tout comme la plume délicate d’un auteur, que la Compagnie Mladha a servi avec honnêteté. Manque un peu de folie, peut-être.

Angèle Lemort
Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com



Article d'octobre 2009


Texte de Fabrice Melquiot, mise en scène de Mathieu Bessero, avec Vincent Rime.

A six heures du matin, au terminal de l’aéroport de Madrid, un étrange personnage entame un monologue destiné à la femme qui lui tourne le dos sur le banc de la salle d’attente.

"C’est ainsi mon amour que j’ai appris ma blessure" met en scène un personnage insignifiant qui lutte pour se trouver une place quelque part, une raison de vivre et l’amour au travers d’inconnues qu’il imagine et dont un détail aperçu devient le point de départ de fantasmes mettant en lumière le vide de son existence.

Le metteur en scène de la jeune compagnie suisse Mladha, Mathieu Bessero, sert ici avec infiniment de finesse le texte circulaire deFabrice Melquiot, peuplé de belles images, qui raconte une solitude ordinaire, le manque d’amour d’un homme dont l’immobilité contraste avec cet endroit en mouvement perpétuel. Le personnage est touchant dans son désespoir et la façon dont il s’évade pour quelques heures dans un lieu particulièrement anonyme, où son isolement parait encore plus grand.

A mi-voix, masqué dans une cagoule couleur mur qui lui fait une seconde peau, le comédien Vincent Rime est éblouissant de sensibilité dans un monologue-déclaration à qui il donne une profondeur incroyable.

On devrait vite entendre parler à nouveau de cette troupe talentueuse.

Nicolas Arnstam


Dates de tournée

Maison de Quartier de la Jonction, Genève
du 24 mars au 4 avril 2009

Petithéâtre, Sion
du 23 avril au 3 mai 2009

Salle communale, Orsières
le 16 mai 2009

Gare aux artistes, Riddes
le 30 mai 2009

Aktéon Théâtre, Paris
du 16 septembre au 10 octobre 2009

La Belle Usine, Fully
le 5 novembre 2009

Théâtre du Dé, Evionnaz
le 7 novembre 2009

La Gare aux Sorcières, Moléson
le 8 novembre 2009

Les Caves de Courten, Sierre
le 11 mars 2010